Le Bangladesh fait face à des inondations de plus en plus importantes et fréquentes dû au changement climatique. Photo: Moniruzzaman Sazal / Climate Visuals Countdown
Changement climatique : ce que peuvent faire les journalistes
Ce guide de GIJN vise à encourager les journalistes à publier davantage d’enquêtes sur la crise climatique.
Dans la première partie, vous trouverez des articles proposant des idées concrètes des projets d’investigation.
Dans la seconde partie, nous avons recensé des articles critiquant la manière dont les médias abordent le changement climatique et réfléchissent à la manière d’améliorer leur couverture.
Dans la troisième partie, nous avons rassemblé des liens vers des ressources pouvant être utiles pour les journalistes environnementaux.
Si vous connaissez des documents pouvant nous aider à étoffer cette ressource, n’hésitez pas à nous écrire ici.
Partie 1: Journalisme d’investigation et changement climatique
Changement climatique : 10 pistes d’enquête à explorer, écrit par Jim Fahn, directeur exécutif du Earth Journalism Network chez Internews, qui propose 10 champs à explorer pour les journalistes souhaitant se pencher sur le changement climatique, son impact et ses responsables (2019).
Parmi ses commentaires :
- En tant que principal facteur d’émissions de gaz à effet de serre, les industries du charbon, du pétrole et du gaz devraient être la cible prioritaire des enquêtes journalistiques.
- Les journalistes devraient se concentrer sur la manière dont les lobbys influencent les politiques gouvernementales. Ils devraient se poser cette question : “Le gouvernement essaie-t-il d’empêcher le changement climatique ou est-il au contraire en train de l’aggraver ?”
- “Les journalistes doivent non seulement suivre les activités du gouvernement dans leur propre pays, mais aussi ce que leurs gouvernements font à l’étranger.”
- Les journalistes doivent examiner les efforts faits par les gouvernements pour renforcer les réglementations et faire en sorte qu’elles soient appliqués.
- Les journalistes doivent évaluer les compensations créées pour lutter contre les émissions.
- Les journalistes doivent accentuer la couverture sur le terrain des impacts du changement climatique.
- Ils devraient enquêter sur les groupes d’activistes travaillant sur les questions climatiques, leurs objectifs et l’origine des soutiens financiers qu’ils reçoivent.
- Les journalistes devraient exercer un regard critique sur les solutions proposées pour prévenir le changement climatique et s’y adapter.
Les médias sont complaisants pendant que le monde brûle, sous-titré, “Mais il y a un tout nouveau manuel pour les journalistes qui se battent pour un monde à 1,5 ° C.” Cet article publié en 2019 a été écrit par Mark Hertsgaard, le chef du service environnement de The Nation et Kyle Pope, le rédacteur en chef et éditeur de The Columbia Journalism Review. Ils écrivent ainsi : “À en juger par la couverture médiatique actuelle du changement climatique, la plupart des médias américains ne prennent toujours pas la mesure de la gravité de ce problème. Un train à grande vitesse se précipite vers nous et son nom est « changement climatique ». Ce n’est pas de l’alarmisme, c’est un fait scientifique.”
Parmi leurs commentaires :
- Ne rejetez pas la faute sur vos lecteurs et écoutez les plus jeunes.
- Couvrez le climat de manière transversale, ne le réservez pas à une rubrique isolée.
- Apprenez les sciences.
- Ne prenez pas la propagande pour argent comptant.
- Perdez votre mentalité élitiste.
- Aidez les zones rurales.
- Apportez des solutions.
- N’ayez pas peur de pointer du doigt les responsables.
En 2019, la Columbia Journalism Review et The Nation ont réuni des journalistes, des scientifiques et des experts du climat “afin de concevoir un nouveau manuel pour le journalisme compatible avec l’objectif d’un futur à un degré et demi que nous devons atteindre selon les scientifiques”. Vous pouvez voir la vidéo de cinq heures de leur panel à Londres ici. La conférence a été le coup d’envoi d’un projet à plus long terme appelé Covering Climate Now.
Vous pouvez également lire le résumé fait par Jon Alsop dans la Columbia Journalism Review. Vous trouverez également ci-dessous d’autres descriptions et réflexions autour de la conférence :
- Le Changement climatique et les journalistes qui tentent de vous sauver, par Corinne Segal dans Literary Hub;
- Nous avons besoin de l’expertise des chercheurs sur le changement climatique pour #Coveringclimatenow, de Jill Hopke, professeur adjoint de journalisme au département communication de la DePaul University;
- Sciences, publics, politique : le problème du journalisme sur l’urgence climatique, écrit par Matthew C. Nisbet, professeur de communication, de politique publique et d’affaires urbaines à la Northeastern University et rédacteur en chef de la revue Environmental Communication.
L’article du Guardian Les médias sont en train d’échouer sur le changement climatique – voici comment on peut faire mieux en 2020 d’Emily Holden, propose plusieurs alternatives :
- Intéressez-vous aux conservateurs qui se préoccupent du changement climatique. Ils ne sont pas beaucoup mais ils sont de plus en plus nombreux.
- Couvrez le climat en priorité, même quand les candidats aux élections ne le font pas.
- Couvrez le changement climatique sous l’angle local.
- Focalisez-vous sur les solutions.
- Faites attention aux termes que vous employez.
Le changement climatique est un sujet pour toutes les rubriques, par Rosalind Donald, doctorante à la Columbia Journalism School, aborde la question de la couverture du changement climatique dans les rédactions. Sa liste d’angles de traitement journalistique : santé, infrastructures, politiques, connections entre le changement climatique et les migrations, la sécurité nationale, le sport, l’alimentation et l’agriculture. Vous pouvez aussi lire un article sur le discours de Donald Trump de 2019 sur le même sujet : 8 rubriques dont vous ignoriez qu’elle pouvait couvrir le changement climatique.
Comment le Wall Street Journal a couvert ‘Le coût du changement climatique’ aborde les coulisses d’une série graphique appelée “Le coût du changement climatique” qui a exploré des sujets tels que l’augmentation de la valeur de certains terrains et le coût plus élevé des assurances comme marqueurs du changement climatique. Cet article, qui contient une interview avec les rédacteurs en chef du Wall Street Journal, a été publié dans le Climate Journalism Lab, une section de Storybench de la Northeastern University’s School of Journalism qui aborde la question de la couverture journalistique du changement climatique.
Couvrir le changement climatique contient des conseils de Daniel Schrag, professeur à l’université Harvard qui dirige le Harvard University Center for the Environment (2019). Il suggère :
- Comprenez la science
- Réfléchissez davantage à la manière dont les humains peuvent s’adapter au changement climatique – pas l’arrêter.
- Abordez un contexte concret.
- Choisissez un angle humain.
- Utilisez la recherche pour défier les dirigeants.
Le média néo-zélandais Stuff a effectué un sondage auprès de ses lecteurs sur la couverture du changement climatique et a reçu des réponses plutôt critiques. Sur une échelle de 1 à 5, où 1 représentait “terrible” et 5 “merveilleusement”, seulement 51% ont donné une note de 3 ou plus aux médias. Les lecteurs ont avancé qu’ils voulaient moins de négativité, plus d’articles “personnels” et une surveillance accrue des entreprises et du gouvernement. Stuff a ensuite annoncé qu’ils allaient « réaliser davantage de reportages et inaugurer de nouveaux formats; enquêter sur des propositions faites par les sondés; mieux évaluer comment angler et cadrer notre couverture; et placer le changement climatique au premier plan.”
Couvrir le changement climatique : ce que les journalistes font mal et comment ils peuvent bien faire est un rapport de Nieman de 2018 basé sur une interview avec la journaliste américaine Elizabeth Arnold. Son message : ne vous focalisez pas sur l’impact et les menaces; valorisez aussi ce que les gens font pour changer les choses.
Les meilleures manières de couvrir le changement climatique avec des données. Six data journalistes donnent leur avis sur la meilleure manière de couvrir le changement climatique dans un article du Global Editors Network de 2017.
6 manières de toucher les climato-sceptiques à travers vos articles, d’Arthur Wyns, qui a été publié par International Journalists’ Network. Arthur Wyns, chercheur sur le changement climatique au sein de l’OMS conseille :
- Passez plus de temps à écouter l’autre camp.
- Trouvez des valeurs en commun.
- Personnalisez l’info avec des angles locaux.
- Donnez un visage humain au changement climatique.
- Soyez visuels.
- Cherchez aussi au-delà en abordant le sujet sous un angle transfrontalier.
Comment une petite start-up au Paraguay est devenue connue dans le monde entier pour sa couverture du changement climatique. Dans cet interview, les rédacteurs en chef d’El Surtidor décrivent leur stratégie pour couvrir le changement climatique. Les journalistes d’El Surtidor ont gagné le premier prix au “Planet Award” lors du Eurasia Media Forum à Almaty au Kazakhstan pour leur enquête sur la déforestation de la région du Chaco au Paraguay.
Partie 2: Articles sur la couverture médiatique du changement climatique
Couverture du changement climatique : quantité ne veut pas dire qualité. Abby Rabinowitz, qui écrit dans la Columbia Journalism Review (2019), a étudié la couverture du changement climatique et écrit : “alors que de nombreux journalistes spécialistes de l’environnement s’accordent à dire que les rédactions ne couvrent pas suffisamment le changement climatique, un certain nombre ont également évoqué que davantage d’articles sur le climat ne revenait pas forcément à une couverture de qualité.” Elle propose plusieurs approches. “Le point le plus important, disent les journalistes, c’est que les enquêtes sur le climat nécessitent d’avoir accès à une large gamme de tons et de modes narratifs étant donné sa complexe réalité.”
Aborder le changement climatique : les médias doivent ils faire campagne ? Ingerid Salvesen, qui était Fellow au Reuters Institute en 2018, évoque la campagne du journal The Guardian “Gardez-le sous terre”, qui s’attaque à l’usage des énergies fossiles. Elle se demande si le journalisme militant ne compromet pas l’un des principes clés du journalisme : l’objectivité, ou s’il devrait au contraire être au centre du rôle des médias.
Vision négative et pessimiste : le rôle des médias dans le détachement du public autour du changement climatique. Elizabeth Arnold, Professeure de journalisme associée à l’Université d’Alaska, écrivait en 2018 : “la répétition d’un récit étroit, ne se focalisant que sur l’impact du changement climatique, donne aux lecteurs un sentiment général d’impuissance.”
L’échec des médias à relier les points sur le changement climatique. Un article de 2018 d’Emily Atkin publié dans New Republic montre que la couverture médiatique des évènement climatiques extrêmes ignore généralement l’impact du changement climatique.
La planète souffre. Comment écrire là dessus ? James Fahn et Mark Schapiro donnent un cours de “Journalisme sur la planète” à l’UC Berkeley School of Journalism et ont écrit cet article en 2019 pour le California Magazine.
Les rapports sur les feux de forêt attisent le débat sur la couverture médiatique du changement climatique. Elizabeth Jensen, journaliste à NPR, étudie la couverture de NPR en 2018.
Chers journalistes canadiens, commencez à enquêter sur le climat d’urgence. Sean Michael Holman, professeur associé de journalisme à l’université Mount Royal du Canada, a écrit en 2019 une lettre ouverte à l’association de presse canadienne pour presser les journalistes à moins faire d’articles sur la famille royale britannique et davantage sur le changement climatique.
Le rôle des réseaux d’information américains pour communiquer l’urgence du changement climatique. Un rapport de 2019 par Public Citizen, un groupe d’intérêt public américain.
La planète est en voie de destruction rapide. Les médias doivent couvrir cela comme si c’était la seule histoire qui comptait. Cet article écrit par l’éditorialiste du Washington Post Margaret Sullivan a été largement partagé en 2018.
Quelle couverture du changement climatique les médias font-ils ? Cela dépend de si vous vivez dans un pays riche ou pauvre. Cet article de Laura Hazard Owen dans Nieman Lab évoque une étude publiée en Septembre 2019 lors du Global Environmental Change. Dans le résumé de Nieman, on peut lire : “Les organisations médiatiques des pays riches ont beaucoup plus tendance à couvrir le changement climatique comme un problème politique national alors que les pays plus pauvres évoquent plus les catastrophes naturelles et les relations internationales.”
Les grandes chaînes de télévision n’ont mentionné le changement climatique qu’une fois au cours de deux semaines de couverture de la canicule. Une analyse du groupe américain Media Matters.
« Nous n’en faisons pas assez »: éditorial en commun de 27 médias sud-américains sur le changement climatique. Cet article a été publié sur le blog du Knight Center at the University of Texas.
Comment les journalistes peuvent faire adhérer leurs lecteurs à la question du changement climatique, par Kamyar Razavi, journaliste et doctorant étudiant les liens entre le journalisme de solution et la communication sur le climat.
Améliorer la couverture sur le climat: 4 défis et un signe d’espoir, par la journaliste Kristine Angeli Sabillo, journaliste multimédia au sein de la télévision ABS-CBN aux Philippines, pour la Global Challenges Foundation.
Communiquer sur le changement climatique avec les journalistes et les actionnaires des médias . Cet article de 2016 par John Wihbey et Bud Ward propose de nombreuses études de cas.
Raconter le changement climatique. Cet article publié dans la Columbia Journalism Review en 2014 a été écrit par Alex Sobel Fitts.
Communication environnementale a été publié en 2019 avec quatre articles introduits par un essai titré : “Journalisme et changement climatique : il est temps de s’adapter.”
Gardez-le sous terre est une série d’articles du journal The Guardian. Vous pouvez aussi écouter cette série de podcasts de 2015 sur les discussions internes qui on conduit l’ancien rédacteur en chef du journal Alan Rusbridger à chercher une nouvelle manière de couvrir le changement climatique.
Les rapports environnementaux peuvent aider à protéger les citoyens dans les démocraties émergentes. Dans cet article, Eric Freedman, professeure de journalisme et président du Knight Center for Environmental Journalism à l’Université du Michigan aborde la faiblesse de la couverture environnementale en Georgie.
Partie 3: Les Ressources
On peut trouver quantité d’information de qualité sur le changement climatique via les groupes environnementaux, les agences nationales, ou les organisations internationales.
Le forum international primaire est le Panel intergouvernemental sur le changement climatique (IPCC). D’autres organisations clés : United Nations Framework Convention on Climate Change (UNFCC), le World Meteorological Organization (WMO), le United Nations Environment Programme (UNEP) ou encore le Global Environmental Facility. Le Green Climate Fund (GCF) est un fonds financier qui se focalise sur les investissements liés à la réduction des gaz à effet de serre et aux initiatives pour s’adapter et le est un autre organisation intéressante.
Puisque les organisations internationales accréditent des groupes pour qu’ils soient observateurs lors de leurs rencontres, ils créent des listes qui peuvent être d’excellentes sources d’informations. Voici les liens des listes d’observateurs de l’IPCC, l’UNEP, et l’UNFCC.
Les médias possédant de nombreuses informations sur le changement climatique dans le monde : Inside Climate News, Earth Journalism Network, The Daily Climate, E&E News, Ensia (qui se concentre sur les solutions), et China Dialogue (en anglais et en chinois). Vous pouvez trouver une liste plus longue élaborée par la Société des Journalistes Environnementaux (SEJ) et une liste encore plus longue faite par le Milken Institute School of Public Health de l’Université George Washington.
Enfin, voici quelques sites utiles créés pour les journalistes, où vous pouvez trouver des informations sur le changement climatique, les sources, et des perspectives :
Changement climatique : un guide sur l’information et la désinformation. Une ressource majeure publiée par la Société des Journalistes Environnementaux. Le directeur du SEJ Adam Glenn a élaboré un guide pour enquêter et s’adapter au changement climatique. SEJ a publié de nombreuses feuilles de route et fiches d’information sur le changement climatique.
Le traqueur de Climat fournit des formations aux médias, produit des rapports sur la couverture médiatique, offre un soutien financier aux journalistes et publie des articles sur tous les sujets environnementaux y compris les négociations internationales.
Yale Climate Connections collecte les articles sur la manière dont les problèmes climatique sont communiqués et comment leur communication peut être améliorée et possède également une section uniquement sur la couverture médiatique.
Climate Communication est une organisation scientifique à but non lucratif américaine qui organise des workshops, et “offre un soutien individualisé pour aider les journalistes à avoir une couverture scientifique crédible.”
Climate Central est “une organisation indépendante de scientifiques et de journalistes enquêtant sur le climat”. Climate Central publie Climate Matters, un rapport original sur la montée du niveau de la mer et sur les effets locaux du changement climatique sur le temps. L’organisations s’associe avec d’autres organisations pour fournir des données scientifiques et des sources pour réaliser des enquêtes collaboratives.
Le Centre pour la communication du changement climatique de l’université George Mason University publie “un guide pour enquêter sur le climat dont l’objectif est d’aider les journalistes et les météorologistes à enquêter sur l’impact climatique et les solutions à apporter au niveau local, immédiat et personnel reposant sur les dernières avancées scientifiques.