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Photo: Flickr

Exposant des agissements corrompus ou illégaux, les lanceurs d’alerte sont une source essentielle d’informations pour les journalistes du monde entier. L’accès privilégié que leur confère leur position au sein de gouvernements, d’entreprises ou d’autres organismes leur permet de fournir des pistes d’enquête, des éléments de preuve voire la démonstration irréfutable de méfaits, qu’il s’agisse de fraudes, d’associations de malfaiteurs ou de crimes de guerre.

Après avoir identifié ce qui pousse les lanceurs d’alerte à partager des informations, les journalistes doivent vérifier l’authenticité de celles-ci. Il est également essentiel de savoir comment protéger au mieux ses sources. Heureusement, on peut aisément trouver des réponses à toutes ces problématiques, en partie grâce aux ONG se spécialisant sur ce sujet, de plus en plus nombreuses.

Pour aider les journalistes à s’y retrouver, GIJN a créé la liste de ressources ci-dessous. Si vous estimez qu’il y manque une ressource importante, n’hésitez pas à nous le faire savoir à l’adresse hello@gijn.org.

Le lanceur d’alerte est une personne qui, considérant l’intérêt général supérieur à l’intérêt de l’organisation qu’elle sert, décide de dénoncer publiquement les agissements corrompus, illégaux, frauduleux ou nuisibles de cette organisation.
Ralph Nader, défenseur des consommateurs et militant

Les conseils des pros

GIJN a résumé les conseils à suivre pour gérer au mieux sa collaboration avec des lanceurs d’alerte. Ces conseils proviennent de rapports publiés par différentes sources, qui contiennent de nombreux détails et méritent donc d’être lus dans leur intégralité.

Les Principes de Pérouse à destination des journalistes, soustitré « Travailler avec les lanceurs d’alerte à l’ère numérique ». Publiés en 2019 et rédigés par Julie Posetti, Dr Suelette Dreyfus et Naomi Colvin, ces principes ont été élaborés par les auteurs en association avec une table ronde de 20 journalistes et experts internationaux réunie en avril 2018 par l’association Blueprint for Free Speech à Pérouse, en Italie. Avec l’apport d’autres journalistes, juristes et universitaires, les auteurs se sont mis d’accord sur 12 principes à suivre :

Tout d’abord, protégez vos sources et leur anonymat si elles vous en font la demande. Mettez en place des moyens de communication sécurisée pour que des sources puissent entrer en contact avec vous. Soyez conscients des risques encourus par les lanceurs d’alerte, et encouragez-les à se préparer aux conséquences qui pourraient découler de la publication de votre enquête. Traitez les informations reçues en vous focalisant sur celles qui sont d’intérêt général, plutôt que sur votre point de vue concernant les attitudes et opinions de vos sources. Assumez la responsabilité de votre sécurité numérique en utilisant des moyens de communication cryptée. Même si cela ne protège pas complètement votre source, c’est un début. Identifiez les menaces principales qui pèsent sur vous et votre source, et quelles mesures prendre pour vous protéger tous les deux. Expliquez les risques d’exposition numérique à votre source. Pour les enquêtes les plus sensibles, formez vos lanceurs d’alerte aux rudiments de la sécurité numérique. Dans la mesure du possible, publiez les documents et les ensembles de données originaux dans leur intégralité, ces éléments de preuve ayant toute leur place dans le journalisme d’investigation. Supprimez de manière fiable les données fournies par vos sources lorsque cela vous est demandé, afin de protéger leur anonymat, conformément aux obligations éthiques, juridiques et professionnelles. Assurez-vous que vos boîtes de dépôt numérique destinées aux lanceurs d’alerte offrent un niveau de sécurité avancé et, pour les documents à haut risque, l’anonymat. Comprenez les cadres juridiques et réglementaires nationaux et internationaux concernant la protection des sources et lanceurs d’alerte anonymes. Encouragez les médias à se responsabiliser, en assurant la sécurité numérique de leurs journalistes, de leurs sources et des documents qu’ils détiennent, en produisant des chartes sur les pratiques numériques à suivre et en formant leur rédaction sur ces sujets.

Le rapport de Pérouse donne des détails supplémentaires sur ces différents principes. Il a été publié en russe, en grec, en espagnol et en allemand.

10 conseils pour les journalistes travaillant avec des lanceurs d’alerte. Cet article de 2019 par Rowan Philp résume les conseils des intervenants à la conférence GIJC de la même année à Hambourg, en Allemagne.

Travailler avec des lanceurs d’alerte : un manuel à l’usage des journalistes, publié en 2017, a été créé par deux organisations américaines : le Government Accountability Project (GAP), l’une des principales organisations à but non lucratif de protection des lanceurs d’alerte, et la Society of Professional Journalists. « Nous souhaitons aider les journalistes à mieux protéger les lanceurs d’alerte, plutôt que de les exposer involontairement à des représailles », indique le manuel, qui fait 36 pages et comprend les conseils suivants :

Le risque de représailles étant élevé pour les lanceurs d’alerte et le cadre juridique étant complexe, les journalistes et leurs sources sont avisés de consulter GAP ou d’autres avocats spécialisés avant publication des informations, surtout quand elles proviennent d’une personne salariée. Les journalistes qui travaillent avec des lanceurs d’alerte dans le milieu du renseignement doivent être conscients que toute enquête s’appuyant sur des informations classées peut entraîner des poursuites contre le lanceur d’alerte. Les journalistes se doivent de maintenir une certaine distance ; vous n’êtes ni le stratégiste, ni le communicant, ni l’avocat de votre source. Cela dit, un rapport de confiance avec celle-ci et une connaissance des difficultés propres à la révélation d’informations confidentielles peuvent encourager les lanceurs d’alerte à se manifester, tout en garantissant leur sécurité. Si un employé vous a fourni des informations sur des actes répréhensibles de nature grave, qu’il s’agisse de violations de droits de l’homme, de dommages environnementaux ou de questions de sécurité nationale, il vous faut en tant que journaliste faire preuve d’une grande vigilance en communiquant avec votre source, afin qu’elle puisse décider quand et comment partager les informations de manière sûre.

Le site Whistleblower Project de la Society of Professional Journalists, aux États-Unis, héberge une série d’articles sur le sujet, y compris une discussion sur l’importance de moyens de communication sécurisée.

Collaborer avec des lanceurs d’alerte : 6 conseils à destination des journalistes Cet article de 2019 par Denise-Marie Ordway est paru sur le site Journalist’s Resource. Y figurent six conseils à destination des journalistes :

Avant de révéler des informations relatives à l’identité d’un lanceur d’alerte, demandez-vous si la valeur de ces informations l’emporte sur le tort qu’elles pourraient causer au lanceur d’alerte, voire à d’autres. Ne vous attardez pas sur les raisons qui ont poussé les lanceurs d’alerte à se manifester. Comprenez ce qui différencie un lanceur d’alerte d’une personne faisant fuiter quelques informations. Ayez en place  des moyens de communication sécurisée. Informez-vous sur les lois en vigueur concernant la protection des lanceurs d’alerte. Dressez une liste de ressources vous permettant d’appréhender au mieux les défis que présente ce type d’enquête.

L’art de travailler avec des lanceurs d’alerte. Dans cet article, Journalism.co.uk publie les conseils de Meirion Jones, rédacteur en chef du Bureau of Investigative Journalism (BIJ), au Royaume-Uni. « L’anonymat de votre source et sa sécurité sont d’importance capitale, explique Meirion Jones. Au moindre danger, il est préférable de ne pas publier l’enquête du tout ou d’en publier une version considérablement réduite. »

Ce que les journalistes doivent savoir sur les lanceurs d’alerte est un manuel du National Whistleblowers Center des Etats-Unis. Cinq sujets sont abordés : la connaissance des lois en vigueur, la protection de l’anonymat, la compréhension de ce que risque le lanceur d’alerte, « les lanceurs d’alerte dans le milieu du renseignement doivent être traités selon des règles bien distinctes », les différences entre de simples fuites et le travail des lanceurs d’alerte.

Protéger les sources et les lanceurs d’alerte à l’ère numérique. Le Centre d’informations et de stratégie juridiques de l’Institut d’études juridiques avancées de l’Université de Londres a publié un rapport fondé sur des entretiens réalisés en septembre 2016 auprès d’un groupe de 25 experts, parmi lesquels des journalistes d’investigation, des représentants d’ONG et de médias pertinents, des avocats des médias et des chercheurs spécialisés. Le rapport recommande aux journalistes et aux organes de presse :

D’améliorer leur sécurité technologique et le traitement de leurs sources. De passer en revue leurs interactions avec les sources qui souhaitent rester anonymes. De se former à la protection des sources.

Protéger les sources du journalisme à l’ère numérique, un manuel très informatif de l’Unesco, fournit de nombreuses recommandations sur le droit relatif à la protection des sources dans 120 pays.

L’association internationale du barreau. L’association a publié en 2018 un manuel sur la protection des lanceurs d’alerte, qui résume bien les lois en vigueur et contient une annexe donnant des informations supplémentaires sur le droit national. Sur le site de l’association, recherchez le mot clé « whistleblowers ».

D’autres ressources en français :

Le guide pratique à l’usage des lanceurs d’alerte de Transparency International donne de précieuses indications sur les méthodes de protection pour les lanceurs d’alerte ainsi que sur les bases juridiques sur lesquelles s’appuyer.

Le guide du lanceur d’alerte de l’Ugict-CGT est un guide très complet exposant les différents enjeux autour de l’alerte et comment les lanceurs d’alerte peuvent se protéger.

Les Organisations

Organisations internationales

WIN (Whistleblowing international network) est un réseau international d’ONG et d’organisations de la société civile travaillant dans le domaine de la protection des lanceurs d’alerte. Ce réseau, qui est basé en Écosse, propose à ses membres une plateforme où partager conseils juridiques et pratiques, où concevoir des réponses démocratiques aux révélations de lanceurs d’alerte à l’échelle nationale et internationale, et où promouvoir la sécurité des lanceurs d’alerte à travers le monde. Le réseau propose ses conseils, ses outils et son expertise aux organisations issues de la société civile qui défendent et soutiennent les lanceurs d’alerte où qu’elles soient.

Le Centre national des lanceurs d’alerte est une organisation à but non lucratif basée à Washington, aux Etats-Unis, qui sponsorise des projets de promotion, de formation et d’assistance, y compris à travers une base données en ligne des lois et des ressources concernant les lanceurs d’alerte, pays par pays. Ce centre a également mis en place un dispositif restreint chargé de travailler avec des journalistes, des défenseurs de la liberté d’expression, des avocats et des représentants du gouvernement à l’international. Le Nouveau manuel à destination des lanceurs d’alerte a été publié en 2019. Le centre dispose également d’un blog.

Le Projet de responsabilité gouvernementale, également basé à Washington, se donne pour mission d’ « encourager la transparence au sein des entreprises et du gouvernement en protégeant les lanceurs d’alerte, en défendant la liberté d’expression des salariés et en soutenant les citoyens militants ». Cette association a publié des manuels et des conseils pour se protéger quand on est lanceur d’alerte. Depuis 1977, elle est venu en aide à plus de 8 000 lanceurs d’alerte du public comme du privé, et a publié un livre, Entre conscience et carrière : Comment exposer des abus sans s’exposer soi-même, qui sert de guide de survie aux lanceurs d’alerte.

Transparency International collabore avec le gouvernement, les entreprises et la société civile pour combattre la corruption et soutenir la transparence, la responsabilité et l’intégrité. L’organisation, dont le secrétariat international se trouve à Berlin, compte plus de 100 branches nationales à travers le monde. Trois de ses bureaux nationaux disposent d’une expertise particulière en matière de lanceurs d’alerte : Accion Ciudadana au Guatemala, Transparency International en Irlande et Transparency International en Russie.

Le Fonds de soutien aux lanceurs d’alerte numériques est un fonds du Centre Hermes pour la Transparence et les droits de l’homme numériques et du Fonds de liberté renouvelable qui octroie de petites subventions « permettant aux médias d’investigation et aux organisations de défense des droits de l’homme de recevoir un soutien financier, opérationnel et stratégique dans la mise en place d’initiatives numériques de soutien aux lanceurs d’alerte, dans le cadre de leur mission sociale. » Le réseau de journalistes d’investigations italien IRPI, l’une des organisations ayant reçues le soutien de ce fonds, a utilisé cette subvention pour créer une plateforme sécurisée via laquelle les lanceurs d’alerte peuvent partager les informations dont ils disposent.

La Conférence internationale de lutte contre la corruption est un forum mondial réunissant des représentants du gouvernement, de la société civile et du secteur privé pour débattre des défis posés par la corruption. Des lanceurs d’alerte figurent généralement parmi les intervenants et des sujets de débat leur sont dédiés. Gérée par une équipe au sein de Transparency International, la conférence a lieu tous les deux ans.

Organisations francophones

La Maison des Lanceurs d’Alerte est une organisation française mise en place à l’initiative de 17 associations et syndicats s’engageant à œuvrer conjointement à la protection des lanceurs d’alerte en les accompagnant au quotidien et à plaider pour une amélioration de leur protection. Elle propose une assistance juridique, un soutien psychologique, un appui médiatique ou encore une aide financière d’urgence aux lanceurs d’alerte en difficulté. Elle intervient aussi en amont pour aider les personnes à lancer l’alerte en se protégeant au mieux et propose des ressources en ligne (guides, contacts, conseils, textes législatifs…).

Alertes.me est une association accueillant les personnes souhaitant ou ayant déjà déjà signalé un préjudice important ou grave pour l’intérêt général. L’association accompagne le lanceur d’alerte sur le plan psychologique, juridique et financier.

Lanceur d’alerte est une association française permettant au grand public de révéler des informations sensibles sur des personnes, des entreprises ou des institutions portant atteinte aux intérêts de la société ou de l’environnement dont l’objectif est de donner la plus large audience possible aux lanceurs d’alerte tout en préservant leurs sources et, s’ils le souhaitent, leur anonymat. Lanceuralerte.org engage également des actions en justice contre la fraude.

Découvrez une liste complète d’organisations utiles par pays dans la version anglaise de notre guide.

La Plateforme pour la protection des lanceurs d’alerte en Afrique (PPLAAF), basée à Dakar, a été créée en 2017 par un collectif d’avocats et de militants des droits de l’homme. Elle a pour buts leur défense ( assistance juridique et media) et le cas échéant le relais des alertes à des journalistes d’investigation.

Les Outils 

Source Sûre est une plateforme belge permettant à des lanceurs d’alerte d’envoyer des informations confidentielles à des médias, en envoyant des documents qui seront transmis de façon anonyme et intraçable. Ils peuvent choisir d’envoyer leurs documents à un seul media, ou à plusieurs. Si le lanceur d’alerte accepte d’être recontacté, le journaliste ayant reçu les documents pourra dialoguer avec lui en ligne, en utilisant un code unique et secret. Parmi les médias participants : Le Monde, RTS, France Info, RTBF, La Libre Belgique, L’Avenir.

Secure Drop est un logiciel disponible en open source destiné aux lanceurs d’alerte et géré par le Fonds pour la liberté de la presse, aux États-Unis. Tout média peut en faire usage pour recevoir en toute sécurité des documents provenant de sources anonymes. La Fondation, basée à San Francisco, propose également une assistance technique et une formation pour l’utilisation de Secure Drop.

GlobaLeaks offre un logiciel pour créer des plateformes sécurisées. Celles-ci sont accessibles uniquement via Tor et permettent aux lanceurs d’alerte de divulguer des informations de manière sûre, ainsi qu’aux journalistes d’interagir en toute sécurité avec leurs sources. Cet outil, accessible en open source, peut être utile aux médias, aux associations militantes, aux autorités publiques comme aux entreprises. Administré par le Centre Hermes pour la transparence et les droits de l’homme numériques, à Milan, GlobaLeaks propose des outils logiciels aux projets visant à soutenir les lanceurs d’alerte.

Des Outils à destination des lanceurs d’alerte est un résumé des systèmes utilisés par certains médias et journalistes, rédigé par Michael Wereschagin, journaliste d’investigation, pigiste et auteur à Pittsburgh, en Pennsylvanie.

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