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Dans cet article, découvrez des techniques et outils pour enquêter sur les candidats d’une élection, le financement de leur campagne, leurs conflits d’intérêt potentiels, connexions… etc

Les journalistes politiques chevronnés signalent que dans bien des cas ceux qui enquêtent sur des candidats durant des élections font souvent l’erreur de penser qu’ils connaissent les personnalités publiques qui décident de se présenter à des élections nationales et supposent que leurs actions et connexions passées ont été approuvées. Ils citent par exemple des pays comme les Philippines, l’Inde et le Brésil où les citoyens ont appris, trop tard, des faits troublants concernant leurs dirigeants élus qu’ils auraient pu découvrir, car ils étaient disponibles, pendant leurs campagnes électorales. En tant que reporters, nous devons approfondir nos recherches.

Dans cet article, nous présentons des outils efficaces pour déterrer l’historique du financement des campagnes, et en ligne, des candidats, des conseils pour contacter des personnes ayant auparavant connu ces personnalités politiques et des ressources pour dénicher des avoirs dissimulés et les signes avant-coureurs. Nous présentons également la méthodologie détaillée qu’une journaliste reconnue a utilisée pour enquêter sur le président brésilien Jair Bolsonaro. 

Toute enquête sur un candidat consiste à effectuer des recherches sur ses avoirs, d’éventuels conflits d’intérêt, ses liens avec le monde de la criminalité, d’anciennes allégations, des réseaux d’entreprises familiales, des connexions avec des pays étrangers, et bien d’autres aspects de leur vie personnelle qu’ils taisent pendant leur campagne. 

C’est la créativité qui permet aux initiatives de vérification des antécédents politiques de porter leurs fruits. En 2016, l’organe de presse serbe indépendant KRIK, également membre de GIJN, a compilé une base de données complète des avoirs de personnalités politiques et des membres de leur famille, tout en révélant d’anciens démêlés avec les forces de l’ordre. L’équipe a passé au crible plusieurs bases de données à la recherche de données brutes, puis elle a embauché des experts en estimation immobilière pour évaluer ses conclusions et les replacer dans leur contexte.

En 2012, le journaliste pakistanais Umar Cheema a obtenu le numéro fiscal national de personnalités politiques via des ensembles de données de la commission électorale et, en collaboration avec un lanceur d’alerte, a découvert que 34 ministres du cabinet et plus de deux tiers de tous les législateurs pakistanais n’avait pas soumis de déclarations fiscales annuelles. Cette enquête a entraîné un changement radical en matière de transparence financière durant les élections au Pakistan, et les personnalités politiques sont désormais tenues de soumettre leurs données fiscales à un répertoire public que des groupes de la société civile et des reporters peuvent consulter.

Entre-temps, un formulaire de divulgation des avoirs, jusqu’alors négligé, lié à une audience de nomination à la magistrature fédérale, est apparu comme le catalyseur qui a donné lieu à l’enquête sur les antécédents politiques sans doute la plus complète qui ait jamais été réalisée : La révélation par le New York Times en 2018 des fraudes fiscales présumées au sein de l’empire financier de Donald Trump, l’ancien président des États-Unis. Toutefois, le succès de cette enquête récompensée par le prix Pulitzer a été possible grâce à la compétence journalistique la plus essentielle pour enquêter sur des candidats aux élections dans le monde entier, à savoir l’aptitude à convaincre de parfaits inconnus, qui se méfient souvent des médias surtout dans les environnements très politisés, à vous parler en personne.

L’astuce créative que le journaliste d’investigation Russ Buettner a utilisée dans le cadre du projet Trump est la suivante : il s’est présenté à la porte de personnes qu’il ne connaissait pas en portant sous le bras un dossier épais et très visible de papiers sans importance, à la vue duquel, a-t-il remarqué, les résidents semblaient se détendre en supposant que le journaliste avait déjà rassemblé tous les faits essentiels. La tactique préférée de la journaliste brésilienne Juliana Dal Piva est de glisser sous la porte des sources qu’elle ne connaît pas, et qui sont impliquées dans une campagne, des notes manuscrites indiquant qu’elle souhaite avoir leur opinion plutôt que des révélations. (Informations supplémentaires plus loin dans l’article.)

Plusieurs experts ont partagé des techniques et des outils permettant de divulguer des faits historiques que les candidats ne souhaitent pas dévoiler aux électeurs.

Hand of a man in a suit holding a marionette puppet handle in a green background.

Illustration : Marcelle Louw pour GIJN

Outils pour creuser l’historique en ligne des candidats

Utilisez TweetBeaver : Avec l’outil TweetBeaver, téléchargez des milliers de tweets publiés par des candidats dans des fichiers au format CSV ou Excel que vous pouvez explorer. Vous pouvez également utiliser le service pour télécharger la liste des contacts de la personne et identifier des connexions en recherchant les abonnés au même compte. Vous devrez vous connecter à ce service à partir de votre propre compte Twitter.

Essayez WhatsMyName : Copiez le pseudo de réseau social d’un(e) candidat(e), qu’il s’agisse de Twitter ou Instagram, par exemple, et collez-le dans l’application WhatsMyName. Elle recherche alors ce nom d’utilisateur dans environ 600 services en ligne, y compris des sites sans rapport avec le service public et des sites de niche, comme des portails de jeux interactifs. Craig Silverman, qui travaille pour ProPublica, prévient qu’il convient de faire des recherches supplémentaires pour confirmer que ladite personne, ou candidat(e), utilise toujours ce compte, mais il ajoute que cela pourrait être très utile pour enquêter sur les antécédents et éventuellement établir des connexions en dehors du domaine politique. Par exemple, le nom d’utilisateur privé d’un ancien président de Moldavie, “Kremlinovici”, a été d’une grande utilité dans le cadre d’une enquête menée par RISE Moldova, une rédaction membre de GIJN, qui a découvert durant les élections une interférence flagrante du gouvernement russe.

Explorez Wayback Machine : Recherchez les déclarations historiques supprimées ou modifiées par les candidats via Wayback Machine qui archive plus d’un milliard d’URL ou d’adresses web par jour. Découvrez ici comment utiliser les nouvelles fonctionnalités du service. Essayez également Archive.is pour retrouver les publications et comptes de réseaux sociaux supprimés.

Utilisez Who Posted What? Cet outil fiable vous permet de contourner les limites d’analyse des données de Facebook en vous permettant de rechercher des publications et des vidéos par date et par sujet. Son créateur, le formateur Henk van Ess, indique que les reporters peuvent également substituer le mot “publications” dans le lien généré dans la zone de recherche du site par le mot “vidéos”, ou même “images”, pour retrouver des liens dans le format adapté. L’outil peut également retrouver des numéros d’identification Facebook que vous pouvez intégrer à un autre outil, graph.tips, pour rechercher des publications et des photographies d’un utilisateur spécifique. 

Essayez d’utiliser les publications Instagram pour retracer les mouvements des candidats. Si la personne liée à l’élection sur laquelle vous enquêtez publie régulièrement sur les réseaux sociaux et a activé la fonction de géolocalisation sur son appareil portable, vous pouvez éventuellement retracer ses mouvements grâce à l’application Creepy. Cet outil de géolocalisation en sources ouvertes peut retracer les heures et lieux de publications Twitter, Flickr et Instagram sur Google Maps. La série de punaises alors générées peut représenter sous forme graphique l’itinéraire des candidats que ces derniers ne souhaitent sans doute pas que les électeurs connaissent.

Recherchez des connexions dans Google. Si vous recherchez des liens entre un candidat ou un membre du personnel de la campagne et un autre intervenant dans la campagne sur lequel vous enquêtez également, saisissez le nom du candidat entre guillemets suivi de l’expression AROUND(17), puis l’autre nom ou terme, pour trouver des documents dans lesquels ces mots-clés apparaissent à 17 mots d’intervalle. (Vous pouvez utiliser un autre chiffre compris entre 10 et 25, mais vérifiez qu’aucun espace ne sépare “AROUND” et la parenthèse.) Pour retrouver des interviews publiées concernant des personnes associées au candidat, recherchez des expressions susceptibles d’apparaître dans Google, comme “Dupond dit”, plutôt que des mots comme “interview”.

Logiciel de reconnaissance faciale : Recherchez des photographies en ligne du candidat pour identifier d’anciennes connaissances. La plupart des candidats sont connus du public avant de se présenter aux élections. Ainsi, vous pourrez trouver de nombreuses photographies en ligne de leurs activités publiques, et éventuellement des photographies d’eux en présence d’hommes ou de femmes d’affaire, ou alors de groupes extrémistes. Pour en savoir plus sur la reconnaissance faciale et sur des outils puissants comme Pimeyes, Yandex et TinEye, lisez cet article de GIJN, ou celui-ci, qui propose des méthodes créatives pour les utiliser avec des bots Telegram.

Recherche des coordonnées des sources impliquées dans une campagne

Pour approuver des candidats, vous devez souvent discuter avec des inconnus et ainsi contacter des personnes connaissant ou ayant connu les candidats ou leurs activités passées. Toutefois, les annuaires téléphoniques appartiennent au passé et les adresses de messagerie de sources potentielles ont été en grande partie éliminées des recherches Google au cours des dernières années par souci de confidentialité. Les reporters ont donc besoin d’outils pour mener à bien ces initiatives.

  • C’est surtout par e-mail que communiquent toutefois une grande partie des initiés en matière d’élection, et ce, dans le monde entier. Essayez de déterminer l’adresse de messagerie correcte des personnes qui vous intéressent via l’extension Chrome Name2Email ou des sites comme Email Format. Le journaliste Silverman de ProPublica indique que deux extensions souvent utilisées par les recruteurs, à savoir SignalHire et ContactOut, peuvent faciliter l’extraction des coordonnées de sources qui n’apparaissent pas sur les profils LinkedIn. Par ailleurs, l’extension Chrome Lusha est un programme gratuit qui permet d’extraire de LinkedIn et Twitter des coordonnées susceptibles de ne pas apparaître sur ces comptes pour aider les reporters à contacter d’anciens employés d’une organisation faisant l’objet d’un contrôle. 
  • Utilisez Hunter pour explorer les e-mails d’un site web, qu’il s’agisse de celui d’un parti politique ou d’une entreprise qui appartient au candidat ou pour laquelle il a travaillé. Hunter vous permet d’effectuer 25 recherches gratuites par mois et propose plusieurs niveaux payants pour effectuer des recherches supplémentaires. 
  • Les reporters qui couvrent des élections en dehors de l’Union européenne, qui est soumise aux restrictions du règlement général sur la protection des données (RGPD) liées à la confidentialité, peuvent essayer des sites comme Truecaller et Sync.ME pour obtenir le numéro de téléphone d’une source.
  • L’outil Pipl Pro de recherche de personnes est cher, mais les enjeux étant si élevés durant les élections et ce dernier étant si puissant, certaines rédactions pourront envisager de s’abonner pour la durée d’une saison électorale. Ce service compte parmi ceux que préfère Paul Myers, un cyber enquêteur pour la BBC. Ainsi, au cours de la conférence mondiale du journalisme d’investigation de 2019 qui s’est tenue en Allemagne, Myers a expliqué à une audience de journalistes d’investigation comment, en une minute, Pipl pouvait divulguer des douzaines de coordonnées et entreprises appartenant à une des personnalités publiques parmi les plus étroitement surveillées en Grande-Bretagne. 
  • Essayez l’outil LittleSis pour établir des connexions entre des activistes politiques, principalement en Amérique du Nord. “Cet outil est surtout axé sur les États-Unis, mais pas uniquement”, déclare l’enquêtrice spécialisée dans les supports numériques Jane Lytvynenko, actuellement chargée de recherche au Shorenstein Center de l’Université de Harvard. “Il établit des connexions entre des personnes clés auxquelles vous n’auriez pas pensé.” Elle précise que la recherche d’un nom dans LittleSis, peut révéler, par exemple, que certaines personnes impliquées dans la campagne “Build The Wall” de Trump l’étaient également dans la campagne de désinformation “Stop The Steal”.

Outils de détection des signes avant-coureurs et des avoirs dissimulés

La recherche d’un nom dans LittleSis, peut révéler, par exemple, que certaines personnes impliquées dans la campagne “Build The Wall” de Trump l’étaient également dans la campagne de désinformation “Stop The Steal”.

Un modèle classique d’enquête sur les antécédents durant des élections consiste bien évidemment à exposer les avoirs secrets et les conflits financiers des personnalités politiques. Consultez les outils récents de GIJN proposant de nouvelles méthodes d’identification des avoirs dissimulés, ainsi que notre guide concernant les enquêtes sur l’argent du crime organisé pour mieux comprendre comment assurer le suivi de ces opérations. En outre, les experts suggèrent les méthodes suivantes :

  • Lancez une recherche dans la nouvelle base de données OpenSanctions conviviale pour déterminer si les noms de candidats ou de leurs donateurs sont apparus dans des listes de sanctions économiques ou de restriction de déplacements, ou sont liés à des dictateurs étrangers ou des organisations terroristes. En incluant les noms de plus de 140 000 personnes ayant accès à des fonds publics et 24 000 individus sanctionnés, OpenSanctions permet également aux reporters de faire des recoupements avec des bases de données plus volumineuses pour dénicher des conflits d’intérêt.
  • L’archive Aleph, compilée par l’Organized Crime and Corruption Reporting Project, est l’un des outils de suivi de l’argent parmi les plus performants dans le cadre d’une enquête sur les antécédents. En intégrant des données sur 150 millions d’entités et en proposant d’excellentes fonctionnalités de collecte et de partage sécurisé de données, Aleph est un outil exceptionnel qui permet dassocier à des fonds occultes des personnalités influentes dans le domaine de la politique.
  • Consultez la base de données OpenCorporates de fuites et d’ensembles de données pour découvrir les intérêts économiques des personnalités politiques. La base de données ouverte inclut des informations sur la propriété liées à plus de 100 millions d’entités sociales. Lionel Faull, un journaliste d’investigation qui a suivi la piste de l’argent dans toute l’Afrique, a récemment décrit la base de données OpenCorporates comme un “centre d’informations polyvalent” efficace sur les données d’entreprise qui permet de dénicher des entreprises dans des juridictions qui ne sont pas ciblées par l’enquête. Il recommande de l’utiliser avec Aleph.
  • Envisagez également l’outil Nexis Diligence qui peut explorer de vastes mines internationales de dossiers publics, de listes de surveillance, de sources juridiques, d’archives de sanctions et de listes de personnes “politiquement exposées” pour connaître l’historique des participants aux élections en termes de risques. La fonction de ‘vérification de personne’ permet de vérifier de très près si des individus on agi avec la diligence requise. Alors que le coût de l’abonnement aux divers services LexisNexis avancés de données et d’analytique pouvant être utilisés à des fins diverses pour enquêter sur des élections est extrêmement élevé, la plate-forme est facile à utiliser pour les journalistes, les membres de GIJN bénéficient de tarifs réduits et les nombreux reporters pour lesquels ces frais sont prohibitifs utilisent le service via des terminaux disponibles dans les bibliothèques d’universités abonnées ou demandent aux documentalistes chargés de la recherche des conseils sur les bases de données. 
  • Pour les élections américaines, et éventuellement pour en savoir plus sur les donateurs de fonds occultes dans le monde entier, OpenSecrets est une excellente base de données dans laquelle vous pouvez effectuer des recherches sur les contributions au financement de campagnes ou émanant de lobbyistes du Center for Responsive Politics.
  • Whoxy est un outil pour enquêter sur les entreprises mystérieuses qui sont associées aux campagnes électorales, car il permet d’identifier la personne qui a enregistré le site web de sociétés écrans.
  • S’il n’existe dans votre pays aucune loi sur la liberté d’information, identifiez les gouvernements étrangers auxquels le candidat sur lequel vous enquêtez a affaire, choisissez dans cette liste les pays dans lesquels ces lois sont en vigueur et soumettez à ces gouvernements des requêtes au titre de la loi sur la liberté d’information. (Consultez le guide GIJN sur les lois et procédures sur la liberté d’information dans le monde entier.)

Méthodologie pour enquêter sur les candidats

La journaliste d’investigation brésilienne Juliana Dal Piva, également chroniqueuse pour la plate-forme d’information UOL et autrefois reporter chez O Globo, a sans doute exploré plus en profondeur que tous les autres journalistes les activités secrètes du président brésilien autoritaire Jair Bolsonaro, de ses alliés et des membres de sa famille.

Les révélations courageuses de Dal Piva ont fait d’elle la cible de nombreuses menaces émanant des supporters de Bolsonaro, y compris d’un juriste qui l’a forcée à entrer dans la clandestinité. Elle entamera plus tard des poursuites civiles pour dommages et intérêts.

Dal Piva dit que Bolsonaro était relativement peu connu avant de remporter l’élection présidentielle de 2018. Comme c’est le cas pour de nombreux candidats dans le monde entier, le public en savait très peu sur son passé, ses motivations et ses conflits d’intérêts présumés. Les enquêtes de Dal Piva ont révélé un tissu d’irrégularités financières impliquant le président et son proche entourage.

Parmi les techniques utilisées par Dal Piva pour enquêter sur les candidats et leurs connexions, elle cite les suivantes :

  • Partez du principe que vous ne savez rien sur le candidat et commencez vos recherches depuis le début. Évitez également d’attribuer des critères éthiques aux candidats en fonction des professions qu’ils ont exercées, surtout des professions nobles, comme le clergé ou le droit. “Souvent les journalistes font l’erreur de penser qu’ils connaissent les personnalités politiques”, déclare-t-elle. “Ainsi, ils ne remontent pas aux sources. Qui était la première femme, la seconde, où sont les enfants maintenant ? Vous pouvez commencer en lançant une recherche dans Google, mais les questions mêmes ont leur importance.”
  • Recherchez d’éventuels dossiers judiciaires d’anciennes actions en justice et dépositions impliquant le candidat, puis notez les noms et les coordonnées des parties et juristes engagés.
  • Créez votre propre biographie du candidat en vous intéressant particulièrement à la famille et aux liens avec des individus, groupes et intérêts financiers, tout en vous posant la question suivante : Qui sont-ils vraiment ? Ajoutez des détails sur leur éducation, leurs affiliations religieuses et idéologiques, leurs antécédents juridiques, ainsi que les avis contradictoires qu’ils ont pu avoir sur certains sujets.

La journaliste brésilienne Juliana Dal Piva esquisse des cartes de brainstorming en forme “d’araignée” comme celle-ci qui illustre les connexions du président Jair Bolsonaro, lorsqu’elle enquête sur les candidats aux élections. Image : Juliana Da Piva

  • Dessinez une carte des connexions en forme “d’araignée” sur une grande feuille de papier ou un tableau blanc en encerclant les catégories comme les conjoints, les enfants, les anciens conjoints, les alliés, les donateurs, les ennemis, les adresses actuelles et précédentes des domiciles et des bureaux, les entreprises et les associations caritatives. Ajoutez des détails et des flèches pour connecter les divers éléments au fur et à mesure que vous progressez. Les reporters technophiles peuvent également utiliser des logiciels de visualisation de données pour cartographier ces connexions. 
  • Posez la question suivante : Est-ce que le candidat a construit sa fortune personnelle avant de devenir une personnalité politique ou après avoir pris ses fonctions ? Dans le dernier cas, demandez-vous dans quelle mesure il a tiré profit de politiques ou de fonds publics et envers qui il est redevable.
  • Elle recommande de “demander qui sont leurs alliés, surtout les plus récents, mais avant tout qui parmi leurs ennemis étaient autrefois leurs alliés”. “Ces personnes seront essentielles à votre enquête.”
  • Si des lois sur la divulgation du patrimoine des représentants élus sont en vigueur dans votre pays, utilisez les portails en ligne disponibles de gestion des élections, ou soumettez des requêtes au titre de la loi sur la liberté d’information, pour accéder à ces documents et répertoriez chaque avoir dans la catégorie appropriée, via une feuille de calcul. Recherchez les avoirs non déclarés, comme les véhicules, les fermes, les maisons de vacances et les actions dans une entreprise, puis ne manquez pas de vous renseigner sur d’éventuelles surévaluations de propriétés, car c’est une technique souvent utilisée pour dissimuler de l’argent. 
  • Si aucune loi sur la divulgation du patrimoine n’est en vigueur dans votre pays, épluchez les comptes Facebook ou d’autres réseaux sociaux des conjoints des candidats pour dénicher d’éventuels avoirs non déclarés. Par exemple, la journalise libérienne indépendante Bettie K. Johnson-Mbayo indique que les publications des conjoints des personnalités politiques peuvent constituer une mine d’or pour les reporters. Dal Piva dit que les reporters au Brésil, comme dans d’autres démocraties, peuvent facilement rechercher des données sur les candidats et leurs avoirs via des portails en ligne, mais qu’il est souvent nécessaire de soumettre des requêtes au titre de la loi sur la liberté d’information pour obtenir des copies des documents d’origine.
  • Dal Piva prévient que certains systèmes de divulgation du patrimoine n’exigent pas des candidats qu’ils actualisent la valeur des avoirs acquis durant des cycles électoraux précédents. Ainsi, les reporters doivent consulter des actes de propriété et des registres fonciers, ainsi que des sources d’évaluation, pour avoir une idée précise de la situation financière des candidats.
  • Faites en sorte qu’il soit facile et sûr pour les lanceurs d’alerte de partager des preuves et de divulguer des documents en faisant appel à des renseignements et en utilisant des canaux de communication cryptés, mais veillez à tenir compte de leurs éventuelles motivations politiques. Même si elle conseille aux sources d’utiliser des comptes ProtonMail sécurisés, Dal Piva remarque que durant les campagnes électorales au Brésil, les lanceurs d’alerte prennent souvent contact par téléphone en demandant un entretien en privé. Elle ajoute que la plupart d’entre eux communiquent volontiers via WhatsApp et remarque que l’idéalisme politique de nombreux membres du personnel d’une campagne en fait des lanceurs d’alerte potentiels. “Durant les campagnes, nombreux sont ceux qui se sentent trahis ou qui sont véritablement alarmés par les événements dont ils sont témoins”, remarque-t-elle. 
  • Observez les candidats durant plusieurs visites publiques ou dans la rue et prêtez attention aux employés de base qui les accompagnent toujours. “Les personnes qui accompagnent les candidats chaque jour sont très importantes et savent beaucoup de choses, à savoir le chauffeur, le photographe, l’employé qui prépare les repas”, ajoute-t-elle. “Prenez le temps de vous promener à pied dans la rue et de vous présenter en personne.”
  • Utilisez la tactique consistant à glisser une note sous la porte d’inconnus. Si personne ne répond lorsque vous frappez à la porte d’un inconnu qui est connecté à un(e) candidat(e), laissez une courte note sous la porte ou dans la boîte aux lettres. Dal Piva précise que ces notes doivent (1) pouvoir vous identifier en tant que reporter, (2) indiquer que vous “avez besoin d’explications” sur un point quelconque, (3) confirmer que vous souhaitez uniquement avoir “l’opinion” de cette personne sur un sujet et que vous ne recherchez pas des faits, puis (4) indiquer vos coordonnées professionnelles. N’hésitez pas à utiliser des expressions comme “confidentiel” ou “attribution indirecte”, car ces sources sont probablement avisées en matière de médias. Attendez quelques minutes devant la porte, car il est possible que vous soyez reçu(e) immédiatement. “C’est incroyable, mais grâce à ces notes, j’ai obtenu de nombreuses interviews”, ajoute-t-elle.
  • Présentez-vous à autant de personnes que vous le pouvez. “Toutefois, si vous utilisez les réseaux sociaux, vérifiez que votre profil professionnel indique que vous êtes un reporter pour que les inconnus que vous contactez puissent vous identifier et ne pensent pas que vous êtes un troll”, remarque-t-elle. “J’ai envoyé entre 30 et 40 messages à de parfaits inconnus, et l’un d’entre eux, une source qui s’est révélée être très importante, a fini par me répondre six mois plus tard. J’ai appris que cette personne s’était d’abord renseignée sur moi.”

Constitution d’un groupe satisfaisant de bases de données de vérification des antécédents

Même si les bases de données suivantes d’informations sur les candidats ne concernent que le Brésil, Dal Piva confirme qu’elles peuvent aider les reporters dans des pays semblables à identifier les types de bases de données locales éventuellement disponibles et à pouvoir se représenter une liste d’ensembles de données complets de vérification des antécédents : 

“On apprend beaucoup de chose en discutant avec les personnes auxquelles s’est opposé le candidat durant des litiges, et ces dossiers judiciaires contiennent également des numéros de téléphone et des adresses de messagerie”, indique Dal Piva. “Toutefois, pour comprendre un(e) candidat(e), vous devez comprendre la personne, sa religion, son parcours académique, ce qui a motivé son intérêt pour la politique, bref, tout ce qui la concerne.”

Note du rédacteur en chef : Ce chapitre fait partie d’une série de guides publiés par GIJN à propos des enquêtes sur les élections. L’introduction ainsi que les chapitres 2, 3, et 4 de ce guide ont également été publiés (en anglais). 

Ressources supplémentaires

Ressources et idées pour enquêter sur des élections

Comment enquêter sur la parité au sein des partis politiques


Rowan-Philp-140x140Rowan Philp est journaliste au sein de la rédaction de GIJN. Il était auparavant reporter en chef pour le Sunday Times sud-africain. En tant que correspondant à l’étranger, il a réalisé des reportages sur l’actualité, la politique, la corruption et les conflits dans plus d’une vingtaine de pays du monde entier.

 

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