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Invetigative Agenda for Climate Change Journalism
Invetigative Agenda for Climate Change Journalism

Illustration: Smaranda Tolosano for GIJN

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Comment améliorer le journalisme d’investigation climatique

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Invetigative Agenda for Climate Change Journalism

Illustration: Smaranda Tolosano pour GIJN

La détérioration du climat pourrait être ralentie, pourtant elle s’accélère. Qui est responsable ? Lors de #GIJC23, GIJN a réuni des dizaines de journalistes et de spécialistes du changement climatique venus de 35 pays. Cet article est un résumé de cette rencontre et du rapport qui en a découlé en attendant le webinaire du 6 février 2024 (gratuit mais sur inscription) intitulé « Comment améliorer le journalisme d’investigation climatique ».

Lors de la 13e conférence mondiale sur le journalisme d’investigation, GIJN a réuni le temps d’une journée 80 journalistes et spécialistes du changement climatique venus de 35 pays. Au programme : un échange sur le rôle que peut jouer le journalisme d’investigation dans le traitement médiatique de la crise climatique. En effet, il est essentiel de rendre compte des causes et des effets du réchauffement climatique, et ce pour un public aussi large que possible.

Voici le REPLAY, en VF, du webinaire  « Comment améliorer le journalisme d’investigation climatique » organisé par GIJN le mardi 6 Février 2024 :

A mesure que l’humanité se rapproche d’une catastrophe climatique, les journalistes doivent disposer du temps, des compétences et des outils nécessaires pour demander des comptes aux responsables, du gouvernement comme du secteur privé. La détérioration du climat pourrait être ralentie, pourtant elle s’accélère. Qui est responsable ? La question de la responsabilité est au cœur du journalisme d’investigation.

Vous trouverez ci-dessous le résumé et l’introduction de notre rapport sur cette réunion. Pour lire le rapport dans son intégralité, veuillez cliquer ici.

Résumé de la réunion

Les OBJECTIFS de la réunion étaient les suivants :

  • Partager les différents points de vue sur les principales priorités que devrait se fixer le journalisme d’investigation climatique ;
  • Discuter d’innovations possibles dans les enquêtes sur la filière des énergies fossiles ;
  • Examiner comment améliorer le journalisme d’investigation qui demande des comptes aux gouvernements ;
  • Examiner comment faciliter une plus grande collaboration entre les journalistes d’investigation, en particulier dans les pays du Sud ;
  • Formuler des recommandations pour davantage soutenir le journalisme d’investigation sur les questions climatiques.

Lors de la réunion, tous les objectifs ont été abordés et des PRIORITÉS pour un journalisme climatique axé sur la question de la responsabilité ont émergé, notamment :

  • La filière des énergies fossiles et son vaste réseau de facilitateurs et de secteurs connexes ;
  • Les politiques et les promesses des gouvernements du monde entier et ceux qui les influencent ;
  • Le financement parfois complexe du changement climatique ;
  • Les populations vulnérables ;
  • La transition vers des énergies propres – les gagnants comme les perdants ;
  • Le changement climatique en tant que crise mondiale multidimensionnelle.

D’importants DÉFIS subsistent, notamment :

  • Les données, documents et sources humaines sont difficiles d’accès ;
  • Les structures de pouvoir sous-jacentes demeurent opaques ;
  • La crise climatique mondiale est complexe et touche tous les domaines ;
  • Les problèmes de capacité sont importants dans tous les domaines, mais surtout dans les pays du Sud ;
  • De nouveaux modèles de collaboration sont nécessaires pour établir les liens de cause à effet ;
  • Il faut davantage de reportages sur les responsabilités, et présenter ces récits d’une manière qui puisse toucher un large public ;
  • La mobilisation du public est essentielle : nombreux sont ceux qui délaissent l’actualité climatique et se méfient des informations concernant le climat ;
  • La désinformation et la mésinformation sont très répandues.

Les participants ont identifié une série de SOLUTIONS qui renforceraient le journalisme d’investigation climatique, dont :

  • Plus de formations, de mentorats, de personnel et de ressources pour renforcer le savoir-faire au sein des rédactions ;
  • Un meilleur accès aux données et aux experts ;
  • Des initiatives à l’échelle mondiale comme régionale qui sont complémentaires et augmentent l’impact des enquêtes ;
  • De meilleures plateformes pour faciliter le partage d’informations et les collaborations transfrontalières, de nouvelles formes de collaboration, en particulier entre les médias du Sud et du Nord ;
  • la poursuite du débat et de la réflexion sur les stratégies de mobilisation du public.

Introduction

Malgré les progrès réalisés dans le développement d’énergies vertes bon marché, les émissions mondiales de gaz à effet de serre augmentent inexorablement, selon le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), l’une des principales autorités mondiales en la matière. Le changement climatique est d’envergure mondiale, mais ses causes ne le sont pas : les énergies fossiles – principalement le charbon, le pétrole et le gaz – sont responsables de plus de 75% des gaz à effet de serre. Malgré la crise climatique, 96 % de l’industrie pétrolière et gazière est en expansion, selon un rapport de 2022. Cette expansion se produit alors même que de nombreux Etats et entreprises ont pris des engagements en matière de réduction nette des émissions et d’autres mesures d’atténuation du changement climatique.

Les populations vulnérables qui contribuent peu aux émissions mondiales subissent de plein fouet l’impact du changement climatique : élévation du niveau de la mer, diminution des rendements agricoles, intensification des incendies de forêt, tempêtes violentes, augmentation de la pauvreté, de la faim et des mouvements migratoires, pour ne citer que ceux-là. Les promesses d’aide à l’atténuation et à l’adaptation ne sont la plupart du temps pas mises en oeuvre. En outre, la désinformation concernant le changement climatique est omniprésente et de plus en plus sophistiquée. Les conséquences pour l’ensemble de la planète sont désastreuses. Tout cela étant dit, et bien que le changement climatique s’aggrave, il n’est pas encore irréversible.

Des milliers de journalistes du monde entier couvrent le changement climatique et son impact, et de nombreux réseaux ont été mis en place pour faciliter ces reportages. Ce travail est essentiel pour informer et mobiliser le public, et pour défier les puissants qui chantent pendant que Rome brûle. La question de la responsabilité est au cœur du journalisme d’investigation. Il y a un besoin urgent de reportages de fond, rigoureux et novateurs sur le changement climatique. Il s’agit notamment d’enquêter sur un nouvel ensemble d’intérêts économiques qui se développent au fur et à mesure que le monde s’oriente vers une économie à basses émissions de carbone. Comment enquêter au mieux sur la responsabilité des entreprises et des gouvernements ?

Pour le savoir, le Réseau international de journalisme d’investigation a organisé un atelier intitulé « The Investigative Agenda for Climate Change Journalism » (Comment améliorer le journalisme d’investigation climatique), qui a réuni pendant toute une journée la plupart des réseaux de journalisme d’investigation, des grands noms du journalisme sur le changement climatique, ainsi que des journalistes et des chercheurs travaillant sur le sujet dans le monde entier. Quatre-vingts personnes originaires de 35 pays se sont réunies pour partager leurs points de vue sur les principales priorités que doit se fixer le journalisme d’investigation climatique.

Avec le soutien de Journalismfund Europe, parmi d’autres, la réunion a eu lieu la veille de la Conférence mondiale sur le journalisme d’investigation à Göteborg, en Suède, le 19 septembre 2023.

Les discussions ont été structurées autour des priorités et des défis de l’investigation, avec une attention particulière portée aux cinq sujets suivants: la filière des énergies fossiles, la responsabilité des gouvernements, le financement du climat, les impacts climatiques et les chaînes d’approvisionnement. Chaque séance a donné lieu à une présentation générale, à des études de cas et à une discussion. Les participants se sont ensuite répartis en groupes, chacun produisant un rapport sur les discussions tenues.

La réunion a été présidée par Sheila Coronel, journaliste d’investigation chevronnée, directrice du Centre de journalisme d’investigation Toni Stabile à la faculté de journalisme de l’Université Columbia de New York, et à la fois fondatrice et membre du conseil d’administration du Centre de journalisme d’investigation des Philippines.

Afin d’encourager une discussion franche, la réunion a suivi la règle dite de Chatham House, ce qui signifie que les informations évoquées peuvent être publiées mais sans préciser l’identité des intervenants. Les personnes identifiées dans ce rapport ont au préalable donné leur accord.

Après la rencontre, GIJN a sondé les participants de manière anonyme. 86% des personnes sondées ont trouvé la réunion « très » ou « extrêmement » utile, 90% ont déclaré qu’ils aimeraient poursuivre la conversation. Notons la création de groupes d’intérêt en ligne afin de favoriser la mise en réseau, la discussion et la résolution de problèmes entre journalistes. Il aurait été impossible de tout résoudre en un jour. Cette réunion a en tout cas permis de poser le premier jalon d’une collaboration plus poussée entre journalistes.

Ce rapport contient les principaux sujets abordés au cours de la journée, de l’identification des problèmes et défis majeurs à l’énoncé de recommandations.

Enfin, je tiens à remercier tous ceux qui ont rendu possible la tenue de cet atelier ainsi que la parution de ce rapport : Journalismfund Europe, Sheila Coronel, les plus de 80 journalistes et experts, tous fantastiques, venus du monde entier pour partager leurs idées et leurs conseils, et mes collègues de GIJN, en particulier Toby McIntosh, Andrea Romanos et l’ancien directeur exécutif du Réseau, David Kaplan. Un grand merci également à Deborah Nelson, journaliste de talent, qui a co-rédigé ce rapport avec Toby et moi.


Anne Koch a travaillé comme journaliste et dirigeante dans l’audiovisuel pendant plus de 20 ans, principalement pour la BBC, avant de devenir directeur de l’ONG anti-corruption Transparency International. Sa carrière primée dans le journalisme de la BBC comprend le poste de directrice adjointe de l’English World Service, la rédactrice en chef des programmes radiophoniques phares d’information et d’actualité de la BBC et la rédactrice en chef de World Tonight. Elle a produit ou monté plus d’une centaine de documentaires et a travaillé comme productrice pour l’émission de journalisme d’investigation File on Four de BBC Radio 4. Chez TI, elle a été directrice de l’Europe et de l’Asie centrale.

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