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Looted artifacts from ancient temples like the Koh Ker complex in Cambodia have ended up for sale for millions of dollars at auction houses in the US. Image: Shutterstock

Statues looted from Koh Ker temple complex in Cambodia

Des objets d’art pillés dans les temples antiques, comme par exemple le complexe de Koh Ker, au Cambodge, sont à vendre pour des millions de dollars dans des hôtels des ventes aux Etats-Unis. Image : Shutterstock

Note de la rédaction : Au cours des prochaines semaines, nous vous proposons une série d’extraits du ‘Guide pour enquêter sur le crime organisé’, que GIJN publiera dans son intégralité à l’occasion de la Conférence Internationale de Journalisme d’Investigation GIJC21. Le présent article, qui porte sur le commerce illicite d’antiquités, a été rédigé par Donna Yates, professeure associée du Département de droit pénal et de criminologie de l’Université de Maastricht. Elle est aussi membre du Trafficking Culture Project.

Dans de nombreux musées ou salles d’enchères occidentales sont exposées des antiquités pillées à l’autre bout de la planète, au détriment de la sauvegarde du patrimoine culturel de nombreux pays. Voici une liste de ressources et de conseils pour enquêter sur le trafic d’antiquités, souvent lié au crime organisé. 

Le commerce illicite d’antiquités est un délit transnational. Il établit un lien entre les vols commis sur les sites patrimoniaux et le monde très fermé du marché mondial de l’art, souvent par le biais d’un réseau de crime organisé. En raison de la beauté des vestiges anciens et de leur portée sociétale, la demande d’antiquités est particulièrement forte sur les marchés nord-américain, européen et asiatique. L’existence de ces marchés favorise le vol de nombreux objets d’art dans des pays à faible revenu, qui refont ensuite surface dans d’anciennes puissances coloniales. Ces marchés font d’un héritage commun une marchandise du circuit privé. Ce phénomène a conduit les pays disposant d’un riche patrimoine d’antiquités à pénaliser le vol et la vente d’antiquités, afin de préserver cet héritage culturel pour le bien commun. Mais la demande détermine l’offre ; la forte demande pour les antiquités découvertes récemment, associée à l’absence de moyens légitimes de les acquérir, a entraîné la formation de chaînes d’approvisionnement criminelles.  

Il est impossible d’estimer le montant du commerce illicite des antiquités. Les préjudices réels subis au niveau sociétal ont trait à la perte de culture et d’identité qui découle de la destruction de notre patrimoine commun.  

Un marché gris, infiltré par le crime organisé

Le marché où se retrouvent en fin de course les antiquités qui ont fait l’objet d’un trafic est ouvert et public. Les acheteurs d’antiquités sont en effet des collectionneurs privés, généralement des personnes fortunées qui occupent un rang social élevé, ou bien il s’agit de nos très respectés musées et autres institutions culturelles. Contrairement aux consommateurs de drogues ou acheteurs d’armes illicites, par exemple, les acheteurs d’antiquités doivent pouvoir jouir de leurs achats de manière ostensible, sans crainte de poursuites judiciaires. Les antiquités sont achetées pour être exposées. Par conséquent, les réseaux criminels qui se sont développés pour alimenter ce marché blanchissent les antiquités en éliminant toute trace ou preuve du délit initial, ce qui permet aux acheteurs par ailleurs honnêtes de mettre de côté toute méfiance pour participer à leur insu à ce qui s’avère être un marché gris, infiltré par le crime organisé

Le lien direct qui existe entre le gotha du marché de l’art et le crime organisé peut surprendre le grand public. Les musées, hôtels des ventes et autres collectionneurs d’art en col blanc sont considérés comme respectables, et les relations qu’ils entretiennent avec les réseaux du crime organisé et avec le pillage de notre patrimoine culturel collectif sont préoccupantes. Certaines enquêtes sur le trafic d’antiquités ont, par exemple, établi une relation directe entre la maison de vente aux enchères Sotheby’s et le pillage de temples au Cambodge, ou encore entre les propriétaires du magasin de décoration américain Hobby Lobby et le pillage (puis la récente restitution) de milliers d’artefacts du sud de l’Irak. On citera aussi la destruction de tombes grecques et italiennes exposées ensuite dans des institutions comme le Getty Museum, à Los Angeles. Ces histoires fascinantes lèvent le voile sur la manière dont les inégalités, au niveau mondial, peuvent être exploitées. 

Il est impossible d’estimer le montant du commerce illicite d’antiquités, tout comme il est impossible de comparer ce marché à d’autres opérations de ventes illégales et de contrebande. Les enquêtes sur le sujet sont rares et, par conséquent, beaucoup d’estimations, provenant de sources inconnues, sont reproduites dans les médias. Les experts s’accordent pour dire que tous les chiffres avancés sont inexacts. Le FBI et Interpol, auxquels on attribue souvent de fausses déclarations, comme “les antiquités représentent le marché criminel le plus lucratif après la drogue et les armes”, réfutent cette affirmation avec véhémence. Les préjudices réels subis au niveau sociétal à cause de ce commerce illicite d’antiquités ont trait essentiellement à la perte de culture et d’identité qui découle de la destruction de notre patrimoine commun.  

Vol d’oeuvres d’art : rien à voir avec le cinéma

Mugshots of Vincenzo Perruggia, an employee of the Louvre Museum who stole the Mona Lisa on August 21, 1911. He was caught two years later.

La plupart des vols d’œuvres d’art, comme celui de la Joconde, en 1911, par un employé du Louvre, Vincenzo Perruggia (photographie d’identité judiciaire reproduite ici), n’ont aucune commune mesure avec les vols professionnels, “sur commande”, portés à l’écran par le cinéma hollywoodien. Image : Shutterstock

Contrairement au trafic d’antiquités, le vol d’œuvres d’art est plus rare et plus risqué, et les occasions de dégager un profit sont moins nombreuses. Pour les antiquités, les actes délictueux sont protégés par le caractère anonyme et non répertorié des “marchandises volées” qui ont passé pas moins de plusieurs siècles, voire des milliers d’années sous terre. En revanche, les vols commis dans les musées, les galeries et les résidences privées sont rarement le fait de voleurs d’œuvres d’art, tel que décrit dans les films hollywoodiens. C’est devenu un cliché dans les médias que de spéculer, après un vol important dans un musée, que les œuvres d’art ont été “volées sur commande” par “des voleurs professionnels d’œuvres d’art”. Dans presque toutes les grandes affaires, la réalité est bien plus banale : les voleurs, des opportunistes, se rendent rapidement compte qu’il n’y a pas de marché pour ces œuvres d’art, qui sont parfaitement répertoriées.

Beaucoup d’entre elles finissent ainsi à la benne, brûlées ou détruites, ou même restituées anonymement au musée d’où elles proviennent. Si parfois des liens ont été établis entre des vols d’oeuvres d’art et le crime organisé, affirmer que le vol d’œuvre d’art constitue une part même infime du crime organisé est sujet à caution. C’est pourquoi cet article portera principalement sur le trafic d’antiquités. Toutefois, un grand nombre de sources qui sont recommandées dans le cadre d’enquêtes sur le trafic d’antiquités peuvent également être utiles pour les affaires de vol d’œuvres d’art.     

Sources 

On dit des antiquités pillées et qui font l’objet d’un trafic que leur « provenance » est inconnue. On ne connaît aucun détail sur leurs origines, sur leurs précédents propriétaires et sur les voies par lesquelles elles ont transité avant d’arriver sur le marché. La  recherche sur la provenance est un terme utilisé dans le monde de l’art quand on parle d’enquêter sur l’histoire des objets et la reconstituer, à partir d’éléments fragmentaires, en s’appuyant sur une importante diversité de sources. Le journalisme d’enquête, dans ce domaine, est étroitement lié à la recherche sur la provenance ; écrire sur des artefacts qui ont fait l’objet d’un trafic revient à révéler l’historique des délits concernés. Chaque enquête sur un trafic d’antiquités présente des caractéristiques uniques. Les sources utilisées varient en fonction de la région et des détails spécifiques à chaque cas, mais presque toutes ces enquêtes s’appuient sur des types de sources distincts.    

Tout d’abord, les antiquités et les œuvres d’art, au cœur de ces enquêtes, sont intrinsèquement complexes. On ne peut pas comprendre le contexte du pillage, du trafic et de la vente d’antiquités, ou les conséquences sociétales de ces délits, sans avoir une bonne connaissance des antiquités elles-mêmes. Les universitaires sont des sources de renseignements importantes pour les journalistes qui enquêtent dans ce domaine. Ils peuvent leur recommander des sources utiles pour obtenir des données, leur faire gagner du temps en écartant les pistes qui ne peuvent aboutir, et les mettre en contact avec un important réseau de spécialistes du commerce illicite d’antiquités.  

De nombreux pays disposent de services plus ou moins spécialisés dans les délits relatifs aux antiquités ou aux œuvres d’art : police, douane, sécurité aux frontières ou même unités spécifiques au sein de ministères de tutelle. Ces services, ainsi que les personnes qui les composent, ont une grande expérience dans le domaine, même s’ils ont une force de frappe limitée en raison d’un manque de moyens et de personnel. Dans tous les pays, il est généralement possible de trouver les coordonnées de ces services en effectuant une recherche ciblée sur internet. Il faut noter qu’Interpol dispose d’une petite unité qui se concentre sur les infractions portant sur les œuvres d’art et les antiquités. Mais son rôle est souvent surestimé. En effet, Interpol n’enquête pas sur ces délits et ne mène pas d’opérations de police ; en revanche, cette agence alimente une banque de données sur les objets d’art volés. Elle facilite aussi la communication entre les forces de police dans le monde entier. A ce titre, elle peut ainsi aider à identifier dans un pays donné les contacts officiels compétents dans ce domaine.       

Les ONG qui sont spécialisées dans la sauvegarde du patrimoine culturel peuvent aussi venir en aide aux journalistes. Elles peuvent contextualiser les affaires de trafic d’antiquités transnationales, là où beaucoup d’autres sources seraient incapables de le faire, et elles sont souvent enthousiastes à la perspective de travailler avec des journalistes. Notamment lorsqu’une affaire présente une composante complexe en matière de droit ou de politiques, ou quand un reportage sur le terrain est délicat ou dangereux. Dans le premier cas, the Antiquities Coalition, par exemple, sponsorise la recherche en matière de politique sur le sujet et fait du lobbying pour la prévention du trafic d’antiquités dans le monde entier, et plus particulièrement aux Etats-Unis. Dans le second cas, l’ONG Patrimoine pour la Paix, basée en Espagne, parraine par exemple différents projets de recueil de données sur le terrain, principalement en Asie de l’ouest. Elle vient en appui à plusieurs programmes qui se concentrent spécifiquement sur les infractions portant sur les antiquités. 

Les meilleures sources de renseignements sur les affaires de trafic d’antiquités sont, sans surprise, les parties prenantes. En les interviewant, vous identifierez des sources pertinentes pour l’affaire qui vous intéresse, faisant ainsi avancer votre enquête. Ces parties prenantes se divisent généralement en quatre groupes :

  1. Les parties prenantes “sources” des pays et/ou des communautés où les antiquités sont volées : les personnes qui habitent près de sites patrimoniaux, les archéologues locaux, les professionnels du patrimoine, les policiers, les membres du personnel de ministères de la culture et enfin les individus qui pillent ou volent des objets culturels. 
  2. Les parties prenantes “de transit”, que l’on trouve tout le long du chemin emprunté par les antiquités volées, notamment les sociétés de transport, les agents des douanes ainsi que les intermédiaires et les courtiers en antiquités. 
  3. Les parties prenantes “du marché” où les antiquités sont vendues ou exposées : les employés d’hôtels des ventes, le personnel et les propriétaires de galeries d’art, les employés de musées et les collectionneurs d’art. Note : Ces personnes sont souvent peu disposées à parler aux journalistes et autres enquêteurs sur le sujet.  
  4. Les “facilitateurs”, qui soutiennent indirectement le commerce d’objets d’art : les restaurateurs d’art, les conservateurs et les experts; les laboratoires scientifiques qui authentifient les objets dont la provenance est inconnue ; et les universitaires qui travaillent sur des objets sans justificatifs provenant du secteur privé. Ces facilitateurs disposent souvent de renseignements cruciaux au sujet du commerce illicite de biens culturels, mais ils sont rarement contactés par les enquêteurs. 

Documents et données

Les journalistes peuvent également consulter les registres des marchés d’art : les catalogues de ventes aux enchères (disponibles en ligne et dans certaines bibliothèques publiques), les registres des courtiers (limités, mais les registres de certains des courtiers les plus connus sont conservés par les archives publiques), les registres des acquisitions faites par les musées (certains sont publics et sont disponibles en ligne ; d’autres sont privés mais peuvent être obtenus en contactant le musée concerné) et les documents (ayant fait l’objet d’une fuite) qui ont trait à l’immatriculation et à la structure juridique de commerces d’art.  

Il existe des banques de données spécialisées sur les œuvres d’art volées (comme la base de données du FBI, la base de données d’Interpol ou la base de données des carabinieri italiens), mais elles sont peu susceptibles de fournir des renseignements utiles aux journalistes. Une écrasante majorité des affaires de trafic d’antiquités n’apparaissent pas dans ces banques de données. En revanche, les parties concernées détiennent beaucoup de renseignements. En les interviewant, vous identifierez des sources pertinentes pour l’affaire qui vous intéresse, faisant ainsi avancer votre enquête.

Etudes de cas

Les journalistes d’enquête ont effectué certaines des recherches les plus efficaces sur le pillage et le trafic d’antiquités, donnant lieu à la publication d’ouvrages sur le sujet.. Ces livres ont eu un impact considérable sur les politiques, les pratiques et le monde universitaire dans ce domaine. 

Les études de cas suivantes sont tirées de projets journalistiques récents ou en cours et qui ont eu un impact notable dans la société et sur les pouvoirs publics.  

Le vol d’une statue de Shiva

Image : Capture d’écran.

Une superbe statue en bronze du dieu hindou Shiva, datant du 11ème siècle, a été volée dans un temple du sud de l’Inde en 2006, apparemment à la demande du marchand d’antiquités new-yorkais Subhash Kapoor. En 2008, cette statue était exposée à côté d’autres antiquités originaires d’Asie du sud, après avoir été vendue à la National Galerie d’Australie pour 5,6 millions de dollars. En 2011, Kapoor a été arrêté en Allemagne puis extradé en Inde pour répondre d’accusations de trafic d’antiquités, ce qui a donné lieu à une évaluation de ses transactions dans le monde de l’art, une enquête menée, entre autres, par le journaliste Jason Felch (voir ci-dessus). 

Au fur et à mesure que les relations qu’entretenait Kapoor avec l’Australie étaient dévoilées, la journaliste Michaela Boland, du quotidien The Australian, a entrepris un long travail de journalisme d’enquête sur le rôle que jouent les musées australiens dans le trafic illicite d’antiquités. Avec ténacité, elle a ainsi mis au jour les voies illicites par lesquelles les antiquités d’Asie du sud transitent avant d’arriver dans les musées australiens. Elle décrit aussi le système qui a permis à des institutions publiques respectées de servir de marché final à des réseaux de crime organisé, obligeant alors l’Australie à adopter d’importantes mesures de transparence. En 2014, suite au reportage réalisé par Michaela Boland, la statue de Shiva a été restituée à l’Inde, et les recherches qu’elle a effectuées ensuite (de concert avec d’autres journalistes, universitaires et militants) ont dévoilé différents réseaux de contrebande criminelle, permettant d’identifier d’autres antiquités volées qui se trouvaient dans les musées australiens. Certaines d’entre elles ont ainsi pu être restituées. 

Mémoire volée en Amérique latine

Image : Capture d’écran.

Préoccupée par le pillage des sites du patrimoine culturel d’Amérique latine et par le manque de soutien aux enquêtes des journalistes dans la région, l’organisation à but non lucratif péruvienne OjoPúblico, membre de GIJN, a initié une enquête approfondie sur le commerce illicite d’antiquités. Cette enquête est devenue “Memoria Robada”, (“Mémoire volée”), une collection exhaustive d’écrits et de vidéos disponibles sur un portail ouvert à tous, créé spécifiquement pour le public hispanophone. 

Au-delà de ce reportage, OjoPúblico encourage le grand public à effectuer ses propres recherches sur le trafic d’antiquités. L’organisation a rendu publiques les bases de données qu’elle a constituées dans le cadre de ses enquêtes et qu’elle héberge sur son site. En outre, ce groupe a créé un portail en langue espagnole, qui permet aux hispanophones d’accéder à la banque de données d’Interpol sur les œuvres d’art volées et, le cas échéant, de contribuer à identifier et à récupérer des biens culturels volés. 

Comme le démontrent les autres exemples cités dans ce texte, une grande partie des reportages approfondis sur le trafic d’antiquités sont réalisés en anglais. Par conséquent, les communautés qui sont ou ont été victimes d’une spoliation de patrimoine peuvent avoir du mal à avoir accès à ces informations. “Memoria Robada” a pour objectif de combler ce fossé linguistique, tout en fournissant des renseignements aux victimes du trafic d’antiquités, ainsi que des outils participatifs qui leur permettent de lutter contre ces délits. 

Faux bibliques et monde universitaire

Veritas book cover image

Image : Capture d’écran.

En 2012, la professeure Karen L. King (Harvard Divinity School) a annoncé la découverte d’un fragment de papyrus dont le contenu laissait penser qu’une des premières communautés de chrétiens croyait que Jésus était marié. Un sujet aussi controversé a retenu l’attention du grand public, en partie parce que le soi-disant “Evangile de l’épouse de Jésus” avait reçu l’aval d’un éminent spécialiste. Mais Karen L. King a refusé de révéler le lieu de découverte du fragment de papyrus, ce qui a suscité la curiosité du journaliste Ariel Sabar, qui assistait par hasard à la conférence de presse liée à cette découverte.  

S’en est suivie une enquête poussée, avec des centaines d’interviews, dans plusieurs pays et sur plusieurs années, au sujet de l’histoire du fragment de papyrus. Elle a abouti à la révélation suivante : le fragment de papyrus était probablement un faux. Ariel Sabar a présenté ses conclusions, d’abord dans plusieurs articles très détaillés, puis dans l’ouvrage qu’il a publié en 2020, “Veritas : Une professeure de Harvard, un escroc et l’évangile de l’épouse de Jésus.” Son expertise de l’univers trouble du commerce illicite de faux manuscrits anciens lui a permis de réaliser d’autres travaux pointus sur ce sujet. Les plus récents portent sur le vol présumé et la vente illicite de papyrus bibliques par un professeur de l’Université d’Oxford.   

Conseils et outils

  1. Contactez les universitaires qui travaillent sur le commerce illicite d’antiquités, et aussi ceux qui sont spécialistes des objets sur lesquels porte votre enquête. Ils peuvent vous fournir des renseignements précieux. 
  2. Veillez à bien comprendre le droit relatif au patrimoine culturel, qui est complexe. On peut facilement se retrouver avec des informations erronées sur son fonctionnement ; lisez vous-même les lois en question et consultez éventuellement un expert. 
  3. Méfiez-vous des chiffres : il n’y a pas de “prix standard” dans le commerce illicite des biens culturels. Les estimations ne reposent sur rien de concret. Les experts vous diront que, quoi qu’il en soit, ce n’est pas le prix qui pose problème.    
  4. Consultez les registres du marché de l’art. Comme indiqué précédemment, il peut s’agir des catalogues de ventes aux enchères, des registres des courtiers, des registres des acquisitions faites par les musées et des documents sur les commerces d’art qui ont fait l’objet d’une fuite.  
  5. Il existe des bases de données sur les antiquités volées (comme celles du FBI, d’Interpol et des carabinieri italiens). Elles sont cependant peu susceptibles de fournir des renseignements utiles aux journalistes. La plupart des affaires de trafic d’antiquités ne figurent pas dans ces banques de données. 
  6. Comme indiqué précédemment, les meilleures sources de renseignements au sujet du trafic d’antiquités sont les parties prenantes. En les interviewant, vous identifierez les sources pertinentes pour l’affaire qui vous intéresse, ce qui vous permettra de faire avancer votre enquête.
  7. Comme l’a dit l’archéologue Riccardo Elia : “Les vrais pillards, ce sont les collectionneurs.” Il est certes plus facile de se concentrer sur le pillage des vestiges archéologiques dans les pays à faible revenu, mais c’est le marché qui alimente véritablement la criminalité : un marché que l’on trouve généralement dans les pays les plus riches. Et c’est là que réside le vrai problème. 

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Donna Yates headshot imageDonna Yates est professeure associée dans le Département de droit pénal et de criminologie de la Faculté de droit à l’Université de Maastricht. Auparavant, elle était maîtresse de conférence en sociologie à l’Université de Glasgow. Donna Yates a un doctorat et une maîtrise d’archéologie de l’Université de Cambridge. Elle est membre du Trafficking Culture Project, une initiative qui vise à suivre, analyser et enquêter sur le crime organisé aux Amériques.

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